Aujourd’hui, parlons stratégie !

Durant mes accompagnements, j’ai pu analyser différentes stratégies mises en place par des associations et des ONGs pour développer un projet de solidarité internationale impactant. Certaines ont fonctionné, d’autres moins. Après quelques années, j’ai pu identifier les meilleures stratégies et elles sont mêmes devenues des méthodes que j’applique dans mon activité de consultante afin d’offrir le meilleur accompagnement.

Pour cette rentrée 2021, je partage avec vous 3 stratégies pour booster votre projet de développement.

Proposer des solutions inclusives

Il est temps que les organismes de solidarité internationale assimilent un point : un projet impactant est un projet inclusif ! Mais qu’entend-on par-là ? On dit d’une action inclusive qu’elle s’adapte aux particularités des personnes et qu’elle les prend en compte afin de répondre à leurs besoins sans distinction. Voilà la stratégie que vous devrez intégrer à votre projet de développement afin de veiller à n’exclure personne, même par inadvertance.

Pour la mettre en place, vous devrez identifier et inclure les minorités : femmes, personnes âgées, personnes à mobilité réduite etc. Vous devrez en plus de cela, identifier leurs besoins spécifiques pour veiller à bien y répondre mais aussi leurs obstacles limitant leur accès aux actions de développement. Tout cela leur garantira un accès équitable leur permettant de bénéficier des mêmes opportunités et vous réduirez le risque de mise à l’écart que peuvent déjà subir ces personnes.

Lors d’une précédente intervention dans une ONG spécialisée dans le WASH, nous avions comme projet de construire des latrines dans un camp de déplacés internes en Ethiopie, dans la région Somali. Le mot d’ordre était d’inclure les minorités, notamment les femmes en prenant en compte leurs besoins d’intimité, de sécurité etc. Au terme du projet, les retours de ces bénéficiaires étaient plus que satisfaisant : elles se sont senties incluses et écoutées !

 

Mettre en place un système de suivi efficace 

Cette stratégie se traduit par la mise en place d’un process clair vous permettant d’avoir les données nécessaires à votre besoin permanent d’information. Elle est le garant de la bonne gestion d’un projet et si je devais vous conseiller une stratégie à prioriser, ça serait celle-là !

Pour un bon suivi, vous devrez être en mesure d’assurer la collecte et l’analyse d’informations tirées directement du terrain pour suivre les avancées de votre projet. D’où l’importance de privilégier un suivi sur le terrain plutôt qu’à distance !

Avant de lancer votre projet, et j’insiste sur cela, il est important de définir dans ce process : les informations à collecter, la méthode de collecte, la méthode et les outils de suivi. Si vous procédez autrement, durant la conduite de votre projet, vous ne serez pas en mesure de savoir quoi suivre mais aussi comment et vous vous retrouverez rapidement avec une liste d’objectifs sans ordre de priorité. Sans oublier que cela rendra difficile votre prise de décision.

Pour ce qui est de la caractéristique des données à récolter, cela dépendra des informations dont vous aurez besoin pour le suivi de votre projet (données qualitatives et/ou quantitatives). C’est un point à travailler dans le détail car tout votre suivi reposera dessus. Vous devrez également définir des objectifs permettant de mesurer ces données. Cela sera très utile lorsque vous procéderez à l’évaluation du projet et voudrez connaitre son impact sur l’environnement d’intervention. 

Dernier point, et pas des moindres, vous devrez définir le temps à consacrer à ce suivi. Attention à ce que cela n’entrave pas la conduite des opérations (par manque de temps, de moyens etc.). Lorsque j’étais en poste en tant que responsable desk dans une ONG, j’avais pour mission d’assurer  la conduite et le suivi des projets WASH en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Le temps consacré à ce suivi a longtemps été mon ennemi en impactant fortement ma capacité à conduire les opérations au point d’accumuler du retard. Veillez donc à trouver un équilibre !

Un système de suivi efficace ne doit récolter que les données utiles au suivi de votre projet.

 

Réaliser une évaluation de mi-parcours

Vous avez défini les modalités de votre évaluation finale mais avez-vous envisagez d’évaluer votre projet à mi-parcours ? Si ce n’est pas le cas, cette stratégie devrait vous intéresser.

Procéder à une évaluation de mi-parcours ne signifie pas que votre projet est inefficace mais que vous voulez vous assurer de sa performance en cours de route.  En procédant ainsi, vous serez en capacité de relever les effets positifs et négatifs et ainsi de juger de son impact. En fonction des résultats de l’évaluation, vous pourrez  réajuster, si nécessaire, le pilotage de votre projet et éviter une catastrophe en fin de parcours : vous rendre compte que vos actions ont été inefficaces, que la population ne s’est pas approprié le projet etc. Autant dire que c’est une stratégie à ne pas négliger !

Avant de commencer, vous devrez définir le but de l’évaluation, pour là aussi, ne pas vous retrouver avec une liste d’objectifs sans ordre de priorité. Pour vous aider, voici les étapes par lesquelles vous devrez passer : 

  • Identifier la ou les personnes en charge de l’évaluation
  • Définir une méthode et des outils d’évaluation
  • Définir des critères d’évaluation qualitatifs et quantitatifs
  • Procéder à la collecte des informations sur le terrain
  • Analyser les résultats de l’évaluation
  • Rédiger un rapport final avec des directives

Il peut arriver que les personnes en charge du projet ne disposent pas du recul nécessaire pour procéder à son évaluation. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à faire appel à un consultant externe qui aura la charge d’effectuer cette action et vous remettra ses conclusions.

En bonus, voici d’autres éléments à considérer pour cette évaluation de mi-parcours. Vous devrez prendre en compte le contexte sécuritaire et saisonnier des zones à visiter afin d’être en capacité de réaliser cette action sans difficulté (zone accessible ou non pendant la saison des pluies, conflits armés qui empêchent les déplacements, restrictions de déplacement liées au COVID-19 etc.). Et pour cela, vous devrez être au fait de l’actualité humanitaire et solidaire de votre environnement d’intervention !

Vous devrez également prévenir vos interlocuteurs locaux de votre action afin de vous assurer de leur disponibilité et leur permettre de préparer les éléments nécessaires pour votre évaluation.  

Notez que cette évaluation de mi-parcours ne remplace en aucun cas le suivi de votre projet, vu précédemment, que vous devez assurer coûte que coûte. Ces deux stratégies sont au contraire complémentaires.

 

Pour récapituler, pour un projet impactant, vous devrez :

  • Développer une politique inclusive
  • Définir un process de suivi efficace
  • Procéder à une évaluation de mi-parcours

Ces stratégies ne doivent pas être écartées de votre stratégie globale au risque d’en subir les conséquences lors de la conduite de votre projet.  Et croyez-moi, ces conséquences peuvent remettre en cause toute votre action !

Quelles stratégies mettez-vous en place pour booster votre projet de développement ?