Les organismes humanitaires sont bien souvent amenés à intervenir dans des contextes fortement instables et en proie à des crises. Assurer la sécurité des équipes devient alors une nécessité pour faciliter le bon déroulement des opérations. Pour échanger sur ce sujet, j’ai eu le plaisir d’interviewer Michela Gisella Maccabruni, co-fondatrice et directrice exécutive de Mercy Hands Europe. L’expérience de terrain de cette ONG suisse, dans des contextes périlleux, fait d’elle une spécialiste quant à la mise en place de process de sécurité.

Rappelons que cette interview s’inscrit dans le cadre du Podcasthon, le premier évènement caritatif qui regroupe des podcasteurs francophones d’univers différents autour d’un objectif, mettre la lumière sur des causes associatives et permettre au grand public de découvrir cela et pourquoi pas, de s’engager à travers le bénévolat ou des dons.

Évaluer les risques

Dès le début de l’échange, Michela souligne l’importance d’évaluer l’environnement dans lequel les ONG s’apprêtent à intervenir afin de comprendre la nature et le degré d’instabilité, mais aussi, d’identifier les potentiels facteurs (politique, économique etc.) pouvant impacter ce même environnement. Cette analyse va être primordiale puisqu’elle va permettre une meilleure préparation ainsi qu’une adaptabilité des stratégies d’intervention. Et pour souligner cela, elle prend pour exemple ce que Mercy Hands Europe peut rencontrer en intervenant en Syrie.  Une fois cette première étape actée, il faut passer à la gestion des risques qui, pour rappel, peuvent être de nature humaine ou naturelle. Michela affirme qu’une stratégie doit être trouvée et mise en place afin d’être en capacité d’y faire face et d’atténuer les impacts. Et cela passe par une communication et une collaboration étroite avec les acteurs étatiques locaux, une veille informationnelle régulière, mais aussi et surtout, par une anticipation de tous les scénarios possibles et les réponses pouvant être apportées.

 

Préparation et flexibilité

Même avec une bonne préparation, de nombreux facteurs ne peuvent être anticipés ou maîtrisés par les organismes humanitaires qui ne peuvent que constater les retombées sur l’environnement dans lequel elles interviennent. Dans ce cas de figure, les conséquences peuvent être nombreuses sur les projets comme le souligne Michela qui a par exemple dû faire face à un état d’urgence en Éthiopie impactant le déplacement des équipes sur le terrain.

« En travaillant dans un environnement d’insécurité, il y a toujours des impacts qu’il faut prendre en considération . Il peut se passer des retards dans la mise en œuvre des activités humanitaires ou des risques accrus pour les infrastructures ou les ressources du projet. »

Michela Gisella Maccabruni

L’environnement instable affecte également les communautés qui se retrouvent bien souvent dans l’incapacité d’accéder aux services de base ou auprès de qui il est difficile de se rendre pour évaluer les besoins. Cela  accentue les tensions, les risques de conflit et donc, fait perdurer l’insécurité. Toutefois, Michela rappelle que le travail d’évaluation précédemment fait permet de faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité avec toujours le même objectif, accompagner les communautés dans leur développement ou leur apporter une réponse urgente. 

 

Faire de la sécurité une priorité

Qu’importe le contexte dans lequel les organismes humanitaires travaillent, la sécurité des équipes doit rester une priorité. Et pour cause, travailler dans certains environnements peut amener les acteurs humanitaires à être victime de menaces ou de violences physiques pouvant engendrer un stress post-traumatique par exemple. Il est donc nécessaire pour les ONG de mettre en place des protocoles de sécurité et de protection comme l’affirme Michela. 

Ces protocoles doivent comprendre les règles en matière de déplacement ainsi que les zones où ils y sont autorisés, les mesures de protection et de sensibilisation ainsi que les systèmes de surveillance et d’alarme en cas de danger. S’ajoute à cela la nécessité d’assurer une veille continue, comme abordé plus tôt dans l’échange. Ces protocoles doivent constamment être mis à jour compte tenu, encore une fois, de l’instabilité. Autre point non négligeable, il s’agit de l’accompagnement psychologique qui peut s’avérer nécessaire dans ce genre d’environnement. Les organismes humanitaires peuvent également utiliser des outils technologiques pour suivre le déplacement de leurs équipes, se référer au Core Humanitarian Standard on Quality and Accountability ou avoir recours à des structures spécialisées dans la sécurité humanitaire, comme INSO, pouvant leur fournir des données réelles en termes de probabilité de risques. 

 

 

Tout au long de l’échange, Michela a rappelé l’importance de mettre en place des protocoles de sécurité. Elle ajoute également la nécessité d’être constamment en état d’alerte mais aussi de se former aux risques pour être toujours en capacité d’anticiper les dangers et d’être préparé aux différentes éventualités. 

Si vous êtes sensible au domaine d’intervention de Mercy Hands Europe, n’hésitez pas à consulter leur site internet ainsi que leurs différents réseaux sociaux. Vous pouvez également partager leur travail et parler de cette ONG auprès de votre entourage. Sachez que dans le cadre du Podcasthon, il vous est également possible de faire une promesse de don auprès de Mercy Hands Europe. Pour cela, rendez-vous directement sur le site du Podcasthon dans la rubrique Don de cet épisode.