À une époque où l’information circule à une vitesse folle et où les images de crises et de catastrophes sont partagées et visibles par tous en quelques minutes, traiter l’actualité humanitaire n’en reste pas moins difficile. Et pour cause, ces informations à chaud nécessitent un temps de réflexion pour analyser et relater les faits. Ce temps-là permet également d’amener à la réflexion quant à l’action humanitaire. Pour aborder cela en détail, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Boris Martin, rédacteur en chef d’Alternatives Humanitaires. Fondée en 2016, la revue qui regroupe plusieurs organismes et acteurs humanitaires a pour objectif de favoriser la réflexion du secteur sur ses pratiques et son évolution.
L’intensité et la régularité des crises humanitaires font régulièrement l’actualité des médias. Nous avons aujourd’hui tous connaissance de la crise au Soudan, des épisodes de forte sécheresse qui touchent la corne de l’Afrique ou encore des bombardements sur la population civile dans la bande de Gaza. Bien que faire état de ces évènements et les relayer soient nécessaires, la revue Alternatives Humanitaires a fait le choix d’aborder de façon différente ces crises en prenant le temps de la réflexion.
« On se donne le temps d’aborder les sujets actuels dans le secteur humanitaire qui ne sont pas forcément mis en avant dans les médias qui traitent de l’actualité brûlante. »
Boris Martin
Comme le souligne Boris, cette prise de recul permet d’entrer dans la complexité des crises, de s’interroger sur les pratiques humanitaires, en s’appuyant sur le travail des organismes et des acteurs humanitaires associés à la revue, mais aussi de développer un espace d’échange entre chercheurs et acteurs humanitaires. Cela permet de mettre à disposition des lecteurs une actualité vue sous un angle plus profond tant sur les faits, et leurs causes et conséquences, que sur les notions abordées.
Alternatives Humanitaires publie 3 numéros par an et a, depuis sa première parution, abordé différents sujets allant des défis auxquels est confronté le secteur humanitaire face au changement climatique ou encore des violences sexistes et sexuelles au sein du secteur en écho aux accusations d’abus sexuels commis par des humanitaires lors de situations de crise.
Pour chacun de ses numéros, la revue s’associe à des spécialistes pour définir la problématique mais aussi la façon dont le sujet sera traité avec toujours les mêmes objectifs, favoriser la réflexion et une dynamique d’échange. Comme le souligne également Boris, la revue se donne la possibilité de revenir sur des sujets précédemment traités pour suivre les évolutions et apporter des éléments supplémentaires.
Dans sa prochaine parution, qui aura lieu en novembre de cette même année, Alternatives Humanitaires abordera à travers un regard croisé la guerre en Ukraine et à Gaza en tentant de pointer les similitudes de ces conflits ainsi que les règles du droit international humanitaire applicables. Ce numéro sera copiloté par Boris Martin lui-même, par Rony Brauman, directeur d’études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires de Médecins Sans Frontières et Jean-François Corty, président de Médecins du Monde.
Chacune des parutions d’Alternatives Humanitaires sert aujourd’hui de référence et d’appui pour de nombreux chercheurs et étudiants dans l’humanitaire compte tenu du travail de réflexion. Bien que la version papier de la revue soit payante, Alternatives Humanitaires met à disposition gratuitement son contenu en ligne pour permettre à un plus grand nombre de consulter son travail de recherche.