Lorsque l’on parle de projet humanitaire, on pense au travail des responsables de projet dont la mission est de mener à bien les actions et de veiller à ce qu’elles aient des impacts positifs sur le terrain. Et pour ça, le travail des équipes logistiques est primordial voire indispensable. Pour aborder en détail cela, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Mariam Diallo, coordinatrice logistique au Kenya et en Somalie pour une ONG internationale. Après avoir découvert la logistique lors de ses études, elle a fait le choix de se spécialiser dans ce domaine et d’en faire son métier. Ses différentes expériences en Afrique de l’Est, au Proche-Orient ou encore en Asie, l’ont amenée à assimiler l’importance de la logistique dans la mise en place d’une mission de terrain et d’une bonne collaboration avec les différentes parties prenantes d’un projet. 

Le maillon de la chaîne

On peut penser à tort que le travail d’un logisticien concerne uniquement la préparation d’une mission. Mariam nous montre le contraire en mettant en avant les différentes responsabilités associées à son poste. Sur le terrain, elle veille à ce que les équipes soient en capacité de communiquer en s’assurant de mettre à leur disposition le matériel nécessaire pour. Elle doit également assurer la mise à disposition de locaux adéquats pour favoriser le travail des travailleurs et travailleuses humanitaires mais également les guesthouses pour le personnel expatrié. Ses responsabilités vont jusqu’à s’assurer de fournir les équipements et fournitures que les équipes utilisent au quotidien lors de leur mission mais aussi d’assurer la maintenance de la flotte automobile. À cela s’ajoutent également d’autres responsabilités qu’elle a pu mettre en avant lors de l’échange. Toutefois, Mariam souligne que le plus gros aspect de son travail concerne la chaîne d’approvisionnement

« Un des plus gros challenges c’est les ressources financières. Il y a des choses qu’on n’anticipe pas forcément mais dont on se retrouve à avoir besoin. »

Mariam Diallo

Au quotidien, Mariam est amenée à échanger étroitement avec les responsables de projet au point de souligner le lien étroit qui les lie. Cela lui permet de connaître les besoins de chaque projet mais aussi le cadre d’intervention. Ses expériences ont montré la nécessité de mettre en place une logistique rigoureuse pour faciliter les équipes du projet dans la mise en place de leurs actions. Sans quoi, la qualité du projet peut se retrouver fortement impactée.

 

Travailler dans la rapidité

Mariam peut être amenée à assurer la logistique d’une mission d’urgence ou de développement. Et d’un projet à l’autre, la rapidité à laquelle elle doit intervenir n’est pas la même.

Lors d’une action d’urgence, elle doit être en capacité d’acheminer le matériel nécessaire en 48h à 72h. Et pour faciliter cela, le stock dont dispose l’ONG est ici vital puisqu’il va permettre de dispatcher le matériel en fonction des zones identifiées. Mariam dispose aussi d’une base de données de fournisseurs en capacité de répondre à ces besoins en un temps record. À cela s’ajoute toutefois la difficulté d’acheminer le matériel dans des zones qui peuvent être éloignées et donc difficiles d’accès. Pour un projet de développement, elle dispose de plus de temps pour acquérir le matériel nécessaire. Cela lui permet de prendre contact avec différents fournisseurs, de comparer mais aussi de demander à améliorer des produits existants avant de passer commande. Qu’il s’agisse de projet d’urgence ou de développement, Mariam souligne qu’elle privilégie le recours à des fournisseurs locaux, plutôt qu’internationaux, pour conserver une proximité avec ces derniers et ainsi limiter tout risque potentiel comme elle a pu y être confrontée. 

 

Faire face aux aléas du terrain

Les fortes intempéries peuvent rapidement impacter le travail de Mariam. Les longues périodes de sécheresses suivies de fortes pluies, qu’à récemment connu l’Afrique de l’Est, ont rendu impraticables les routes et donc le déplacement des équipes logistiques et du matériel. Cela peut aussi rendre difficile le stockage lorsque ce sont des marchandises périssables et sensibles au climat comme elle a pu y être confronté en Irak lors d’un projet de cantine scolaire. S’ajoute à cela la difficulté d’accès dans des zones éloignées qui nécessitent parfois un temps d’acheminement beaucoup plus long que prévu. Elle doit également prendre en compte la sécurité des stocks afin d’éviter tout vol.

D’autres difficultés s’ajoutent en fonction du contexte de l’environnement d’intervention. Ces derniers temps, Mariam a été confrontée à l’inflation rendant certaines marchandises indisponibles. Cela a également impacté la capacité des équipes logistiques à se déplacer compte tenu de l’augmentation du prix de l’essence.

 

 

Le travail de logisticien amène à faire preuve de polyvalence comme Mariam l’indique. Elle ajoute également que même si son rôle n’est pas d’être la tête pensante d’un projet, elle n’en reste pas moins un point central sans qui un projet ne peut être mené à bien.