Lorsque l’on parle d’humanitaire, on fait référence aux actions d’urgence ainsi que de développement. L’urgence, comme son nom l’indique, consiste à intervenir dans des situations de crise afin d’apporter une réponse rapide à un besoin. Ce qui est le cas lors d’un déplacement massif de populations suite à un conflit armé ou après une catastrophe naturelle. Quant au développement, il s’agit plus d’apporter des solutions à long terme afin d’accompagner à la croissance et à l’autonomisation des sociétés et éviter toute situation d’assistanat. 

C’est sur ce dernier aspect que cet épisode du podcast va s’intéresser. Pour en découvrir plus sur le sujet, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Schneider Chery, entrepreneur social en Haïti et Président-Fondateur de l’ONG Les prémices du monde. Ses responsabilités l’amènent à trouver des solutions durables aux problèmes sociaux et économiques auxquels sont confrontées les populations en Haïti. 

Qu’est-ce que le développement ?

Le développement à un objectif bien précis : éviter toute situation pouvant amener à une dépendance vis-à-vis de l’aide. Pour cela, les acteurs du développement redoublent d’efforts pour accompagner les sociétés dans le renforcement de leurs compétences. Et il est ici bien question d’accompagnement car le but n’est pas de faire “à la place de” mais “avec eux”. Et Schneider Chery insiste d’ailleurs bien sur ce point, les populations vulnérables doivent être écoutées mais surtout, elles doivent prendre part au changement et disposer des moyens nécessaires leur permettant d’arriver à une situation d’autonomie. Pour illustrer ses propos, il prend l’exemple de la semence qui, après quelques efforts et quelque temps à patienter, donne les fruits du travail. Et c’est sur ce schéma que les acteurs humanitaires doivent intervenir selon lui. 

Cette nécessité d’accompagner au développement ne peut se faire que par la rencontre avec les communautés et l’évaluation de leurs besoins. C’est une étape primordiale et cela ne doit pas être négligée. Scheider Chery affirme même que les solutions se trouvent auprès des personnes accompagnées, qu’il qualifie de génies, et qu’il faut leur donner la possibilité de partager leurs connaissances et donc, d’aller à leur rencontre. Il va même plus loin et affirme que les acteurs du développement ne peuvent rien faire sans l’aval des communautés, au risque d’avoir une action vaine.

 

Les acteurs du développement 

Les acteurs du développement sont nombreux et ne sont pas seulement enregistrés sous la bannière d’associations ou d’ONG. Il peut y avoir les collectivités locales mais également des collectifs de citoyens ou encore des acteurs du monde de l’entreprenariat qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. C’est le cas dans les exemples cités par Schneider Chery en Haïti.  Il souligne toutefois l’importance pour ces acteurs de respecter certains principes d’intervention comme le respect de la dignité des personnes accompagnées. Il prend pour exemple les conséquences de l’aide apportée en Haïti lors du séisme du 12 janvier 2010 où, les acteurs du développement, ont dépensé des sommes colossales sans que cela n’améliore la situation des gens. Pire encore, cela a même engendré des situations de vie indigne qui perdurent encore aujourd’hui

Selon Schneider Chery, les acteurs du développement doivent se préparer avant d’intervenir auprès des populations, au risque d’aggraver la situation sur place. Il dit par ailleurs quelque chose de très intéressant à ce sujet  «notre structure existe pour des occasions mais on ne doit pas créer ces occasions». 

 

Impacter à long terme

L’enjeu principal de l’aide au développement est de permettre aux communautés de bénéficier à long terme des effets positifs du projet. Cela va même plus loin puisque cette aide vise également à limiter, ou même éradiquer, les facteurs pouvant amener à une situation de crise. Et pour arriver à cela, Schneider Cherry insiste sur la nécessité de s’attaquer aux problèmes à la base, au risque de ne rien résoudre. 

Si vous n’aidez pas quelqu’un pour devenir autonome, alors vous n’aidez pas.

Pour pérenniser une action et amener à l’autonomie,  il faut que les acteurs du développement transmettent les responsabilités du projet aux communautés accompagnées. Et cela se fait au fur et à mesure de l’avancement du projet. Le but d’une telle démarche est d’amener les populations à assurer la continuité de l’action une fois que les acteurs se seront retirés. Et si cela est bien fait, comme le souligne Schneider Chery, il est possible d’arriver à un impact générationnel

En conclusion, s’assurer de l’éthique et de l’impact de son projet de développement est nécessaire, tant pour le respect des populations accompagnées, que pour la réussite de l’action.